Les accords de libre-échange sont toujours une source de débats. Ils sont de très grande importance pour la Suisse. Pourquoi ?
Andrea Roth : La Suisse dispose d’une économie d’exportation performante. Le commerce avec les pays étrangers confère à la Suisse la prospérité et des emplois. Nous exportons nos produits technologiques haut de gamme dans le monde entier. Plusieurs milliers de fournisseurs profitent également du succès de l’exportation suisse. Geobrugg SA et sa filiale Fatzer SA, par exemple, fabriquent à Romanshorn des systèmes de protection de haute technologie et des câbles d’acier qui sont utilisés dans le monde entier. Pour nous, les accords de libre-échange sont très importants. Ils nous permettent de vendre plus facilement nos produits à l’étranger et d’améliorer notre compétitivité. Des accords, tels que l’accord de libre-échange avec l’Indonésie, garantissent la sécurité juridique et des investissements ainsi que la protection de la propriété intellectuelle. Ce dernier point en particulier est très important pour les entreprises suisses, car l’innovation, la recherche et le développement jouent un rôle primordial dans les entreprises industrielles suisses.
L’accord de libre-échange avec l’Indonésie sera soumis au vote en mars. Pourquoi l’Indonésie est-elle un marché important ?
Notre entreprise entretient déjà un bureau de vente avec son propre personnel en Indonésie. Nous avons déjà fourni des filets de protection contre les glissements de terrain et pour la protection contre les inondations et nous livrons actuellement des grillages de protection à un grand circuit de course de motos à Lombok. À notre avis, l’Indonésie représente un marché d’avenir prometteur. Avec ses 267 millions d’habitants, ce pays possède un potentiel énorme. Une classe moyenne de plus en plus large émerge. Cela signifie que le pays doit également investir dans son infrastructure. Dans ce domaine, nous pouvons contribuer au progrès grâce à nos produits. D’ailleurs, les experts supposent que l’Indonésie ne quittera pas de si tôt la voie de la croissance dans laquelle elle s’est engagée. Au contraire, ils estiment que le pays asiatique deviendra la quatrième économie mondiale d’ici 2050.
De quelle manière l’économie suisse bénéficie-t-elle concrètement de l’accord de libre-échange avec l’Indonésie ?
L’accord de libre-échange exemptera les exportations suisses vers l’Indonésie des droits de douane élevés en vigueur actuellement. Dans certains cas, ils s’élèvent à plus de 30% - en moyenne 8%. Nous devons verser une taxe de 12,5% pour les grillages de sécurité livrés pour le circuit de course à Lombok. Cette taxe serait éliminée avec l’accord de libre-échange. À l'avenir, les produits industriels suisses seront disponibles en Indonésie sans cette surtaxe et seront donc plus compétitifs. Les possibilités d’exportation de la Suisse seront encore renforcées parce que nos concurrents directs dans l’UE et aux États-Unis ne bénéficient pas d’un accord de libre-échange de ce type avec l’Indonésie. Cela confère à l’industrie suisse un avantage concurrentiel important par rapport à sa concurrence étrangère.
L’Indonésie bénéficie-t-elle également de l’accord de libre-échange ? Les critiques affirment le contraire.
Il est évident que l’Indonésie en bénéficie également dans une large mesure. L’accord de libre-échange permet à l’Indonésie d’accéder aux marchés des États de l’AELE. Cela génère de la croissance en Indonésie. Ce sont avant tout l’environnement et la société en Indonésie qui en profitent particulièrement. Les produits industriels suisses - je l’ai déjà mentionné auparavant - sont très innovants. Il s’agit principalement de produits haut de gamme très performants. Ils seront disponibles pour les clients en Indonésie sans surtaxe douanière. Leur utilisation ainsi que le transfert de technologie augmentent la durabilité et la protection de l’environnement et du climat sur place. La formation profite également du transfert de connaissance, ce qui est propice à la société indonésienne. Le libre-échange n’est jamais une voie à sens unique - mais une situation win-win pour toutes les parties. Cela est particulier le cas pour le présent accord avec l’Indonésie.