La mondialisation a conduit de 1990 à 2018 à une baisse de près de 80% du nombre de personnes qui pour vivre avaient moins de deux dollars par jour à disposition. L’espérance de vie et les taux d’éducation se sont fortement améliorés et une classe moyenne est apparue dans de nombreuses régions.
La raison en est l’intégration de plus en plus d’entreprises des marchés émergents dans les chaînes de valeur mondiales, ce qui crée des emplois dans ces pays. Cette évolution a été possible grâce au libre- échange. Il représente donc un moteur essentiel de la mondialisation, le moteur le plus puissant pour la prospérité et la lutte contre la pauvreté.
Une longueur d’avance pour l’industrie
Grâce à une habile diplomatie commerciale, la Suisse a également profité de ce développement. Notre pays a su accéder, grâce à des accords de libre-échange (ALE), à de nouveaux marchés tels que la Chine, la Corée du Sud et le Japon, avant l’UE. Ceci a souvent permis d’abaisser des barrières douanières de 10 à 30%. Nous avons ainsi obtenu une longueur d’avance pour notre économie orientée vers l’exportation, notamment pour l’industrie, et réussi à conserver des emplois en Suisse.
Aujourd’hui néanmoins, le paysage suisse des ALE présente d’importantes lacunes, notamment en ce qui concerne les États-Unis, l’Inde, l’Amérique du Sud et les marchés croissants de taille moyenne en Asie. Cependant, deux avancées encourageantes ont été réalisées récemment : l’ALE avec l’Indonésie a été conclu et les derniers problèmes avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Bolivie) sont sur le point d’être résolus. Mais les deux traités ont attiré des critiques de la gauche. Par conséquent, le peuple suisse sera probablement amené à se prononcer sur l’accord avec l’Indonésie au printemps 2021, et sur celui avec les États du Mercosur un peu plus tard.
Décision de principe sur le commerce extérieur de la Suisse
Les opposants à l’ALE avec l’Indonésie craignent que la déforesta-tion tropicale soit encouragée en faveur de l’huile de palme. Deux arguments contredisent ce raisonnement : premièrement, l’accord contient des exigences strictes selon lesquelles seule l’huile de palme produite de manière durable bénéficiera de conditions d’importation favorables. Deuxièmement, la crise du corona a interrompu des chaînes de valeur mondiales et donc entraîné un effondrement économique, à la suite duquel la déforestation a repris de plus belle. Par conséquent : seule une économie prospère permet de renforcer les sociétés et de protéger la nature.
Lors des prochaines votations sur les ALE, le souverain suisse prendra des décisions fondamentales sur la politique commerciale extérieure de la Suisse et sur notre attitude face à la mondialisation. Un « non » protectionniste ne nuit pas seulement à notre économie et à ses emplois, mais est aussi un signe contre le développement et la prospérité des employés dans les marchés émergents.
Pour moi une chose est certaine : la critique de la gauche de la mondialisation a façonné l’opinion publique ces dernières années : 70% des Français estiment que la pauvreté absolue a augmenté depuis 1990. Cela est manifestement faux (pas de données pour la Suisse). Dans les mois et années à venir, notre tâche consistera à corriger l’image erronée de la mondialisation à l’aide de faits et d’exemples d’entreprises !