L’industrie tech suisse, avec plus de 330 000 personnes, exporte 80% de ses produits et est à l’origine de près de 30% des exportations suisses. En tant que branche mondialement interconnectée et dominée par les PME, l’industrie est en récession depuis le début de l’année 2023, avec des baisses de commandes massives sur des marchés de vente importants comme l’Allemagne et la Chine.
Depuis le début de l’été, le creux de la vague semble avoir été atteint – ce début de reprise risque maintenant d’être brutalement étouffé par la nouvelle appréciation du franc. L’euro ne valait plus que 0,92 franc à un moment donné. Le léger fléchissement observé depuis lors pourrait être dû à une intervention de la BNS sur les devises.
Si, en raison de la différence d’inflation qui se situe encore entre 1% et 2%, la parité du pouvoir d’achat se situe aujourd’hui à environ 98 centimes, l’industrie souffre d’une surévaluation d’environ 6% par rapport à l’euro. L’industrie a appris à gérer les affaires dans le contexte d’un franc fort. Mais elle ne peut pas se défendre contre des appréciations chocs, même avec des programmes d’économie et d’efficacité sévères. En ce sens, l’appréciation soudaine du franc met en danger la place économique suisse face à la concurrence européenne ou japonaise.
La BNS reste sollicitée
Swissmem respecte et défend l’indépendance de la Banque nationale suisse. La BNS est parvenue à ramener rapidement et efficacement le taux d’inflation sous la barre des 2%, créant ainsi la stabilité des prix. La Banque nationale dispose désormais d’une marge de manœuvre pour empêcher ou atténuer à l’avenir également des réévaluations brutales à l’aide des instruments qu’elle juge les plus appropriés, comme elle l’a indiqué lors de son examen de la situation monétaire du 20 juin 2024.
... tout comme la politique
Les moyens de la BNS sont toutefois limités. La politique est donc d’autant plus importante. C’est à elle qu’il revient de poser les bons jalons pour que la place industrielle suisse soit forte. Elle doit faire activement avancer les projets de réforme et empêcher les facteurs de coûts. L’accord de libre-échange avec l’Inde est important, tout comme la stabilisation rapide des relations avec l’Europe grâce aux Bilatérales III - sans nouvelles mesures d’accompagnement néfastes. Troisièmement, il faut une sécurité juridique et des investissements : le Parlement doit renoncer à une loi sur l’examen des investissements et l’initiative de la JUSO sur l’expropriation ne doit pas aboutir. Toutes ces mesures n’apportent certes que des améliorations à moyen terme, mais la confiance des entreprises dans des conditions-cadres très bonnes et stables à long terme est un ancrage central pour les entreprises actives dans notre pays.