La contradiction ne pourrait ĂȘtre plus grande: la plupart des jeunes gens est de lâavis que les tĂ©lĂ©phones portables et ordinateurs constituent des soutiens techniques extrĂȘmement importants, sans cependant sâintĂ©resser aux bases physiques. LâuniversitĂ© dâOslo a Ă©tudiĂ© ce phĂ©nomĂšne et a publiĂ© des conclusions trĂšs prĂ©occupantes. Dans le cadre du projet ROSE (ROSE = Relevance Of Scientific Education) des adolescents de plus de 30 pays ont Ă©tĂ© interrogĂ©s sur leurs intĂ©rĂȘts pour des thĂšmes liĂ©s aux sciences naturelles. Le rĂ©sultat est alertant: plus le pays est riche, plus lâintĂ©rĂȘt pour les sciences naturelles diminue.
Dans les pays les plus privilĂ©giĂ©s, les ressources les plus prĂ©cieuses disparaissent: notamment une relĂšve intĂ©ressĂ©e et motivĂ©e, capable de prĂ©server et dâamĂ©liorer, Ă lâaide dâinnovations constantes, le niveau de dĂ©veloppement de la sociĂ©tĂ©. La Suisse, pauvre en matiĂšres premiĂšres, est particuliĂšrement vulnĂ©rable dans ce domaine. Il semble pourtant que ni la politique, ni lâĂ©conomie ne se rendent compte de la gravitĂ© de la situation et au niveau de la formation une attitude dĂ©nĂ©gatoire par rapport aux sciences naturelles semble dĂ©sormais ĂȘtre tradition.
En Suisse, lâinstitut PSI fournit un travail de pionnier
LâiLab est le premier laboratoire de physique pour Ă©coliers en Suisse. Les expĂ©rimentations avec courtesimpulsions acoustiques, dĂ©veloppĂ©s pour cela, sont uniques au monde. Les expĂ©rimentations proposĂ©es ont un lien direct avec les installations de recherche de lâinstitut. De plus, les jeunes gens ont la possibilitĂ©, en exerçant au cours dâexpĂ©rimentations, de connaĂźtre toutes les phases importantes dâun projet de recherche, de se familiariser avec la façon de penser dâun chercheur et dâapprendre comment la recherche fonctionne. LâĂ©laboration dâhypothĂšses, lâoptimisation dâinstruments de mensuration, lâanalyse de rĂ©sultats de mesures et leur transfert sur dâautres problĂ©matiques ou applications. Depuis lâouverture du laboratoire en 2008, plus de 10'000 adolescents ont visitĂ© iLab. Aujourdâhui ce sont environ 20 classes par annĂ©e.
Vivre activement les sciences naturelles et la technique
iLab offre aux classes dâĂ©cole un programme journalier. Le matin est entiĂšrement consacrĂ© aux expĂ©rimentations et Ă la recherche active. Les jeunes gens dĂ©couvrent grĂące Ă iLab et grĂące Ă des expĂ©riences personnelles des interactions physiques. Ils effectuent en groupes de deux et sous lâinstruction dâun moniteur, des expĂ©rimentations avec des ondes sonores ou des Ă©quipements sous vide. Les expĂ©rimentations sĂ©lectionnĂ©es Ă cet effet sont conçues de maniĂšre Ă pouvoir faire un lien avec le quotidien et offrent des expĂ©riences dâapprentissage prĂ©cieuses. Les adolescents comprennent, grĂące Ă ces expĂ©rimentations avec le phĂ©nomĂšne des ondes, comment les chauves-souris ou les dauphins localisent leurs proies et comment fonctionnent les systĂšmes dâassistance pour garer une voiture ou pour reconnaĂźtre les distances. Ils apprennent, Ă lâaide des expĂ©rimentations sous vide, le rĂŽle important que joue la pression de lâair, un phĂ©nomĂšne que nous sous-estimons souvent dans notre vie quotidienne. Ils rĂ©alisent des faux prĂ©concepts de leurs esprits et se familiarisent avec la façon de travailler et dâapprocher les choses dans les sciences naturelles.
LâaprĂšs-midi, les jeunes gens visitent le centre visiteurs psi forum, oĂč ils dĂ©couvrent de nombreuses piĂšces exposĂ©es prĂ©sentant un rĂ©sumĂ© des prioritĂ©s de recherche de lâinstitut PSI. De plus les adolescents suivent des films 3D qui leur expliquent de maniĂšre passionnante le cycle du carbone ou la construction du laser Ă rayons X SwissFEL. Ensuite, les classes visitent les laboratoires et installations de recherche de grande taille du PSI, ce qui leur permet dâobtenir une impression rĂ©elle du monde du travail des scientifiques.
iLab est trÚs apprécié par les jeunes
AprÚs leur visite au iLab, les jeunes gens sont interrogés sur ce qui les a le plus passionné lors des expérimentations et en particulier à la physique. Les plus de 10'000 questionnaires permettent de faire les conclusions suivantes:
- plus de 80% indiquent que les expérimentations sont intéressantes et compréhensibles.
- environ 50% sont fascinĂ©s par la physique. Ce taux de pourcentage est trĂšs Ă©levĂ© et contraste avec le dĂ©sintĂ©rĂȘt global pour les sciences naturelles constatĂ© dans le cadre de lâĂ©tude PISA. Cela signifie que nous transmettons avec iLab aux adolescents une image bien plus plaisante des sciences naturelles que celle transmise par lâĂ©cole depuis des dĂ©cennies.
iLab en tant que source dâinspiration pour dâautres projets
iLab a des consĂ©quences pour la politique de la formation du canton dâArgovie: le dĂ©partement cantonal de lâĂ©ducation soutient iLab et invite les Ă©coles Ă sây rendre. iLab a fortement influencĂ© les dĂ©cisions pour le lancement de diffĂ©rents projets au service pĂ©dagogique de la haute Ă©cole spĂ©cialisĂ©e Fachhochschule Nordwestschweiz (FHNW): les Ă©tudiants rĂ©digent des Ă©tudes de projets sur les expĂ©riences faites Ă iLab et contribuent ainsi au dĂ©veloppement futur des projets. Les formateurs de la FHNW visitent iLab avec leurs Ă©tudiants et analysent la structure pĂ©dagogique des leçons en sciences naturelles. De plus, la FHNW a Ă©laborĂ© une brochure pour les enseignants prĂ©sentant, Ă lâaide de nombreux exemples, les sujets dâenseignement pouvant ĂȘtre rattachĂ©s aux expĂ©rimentations iLab.
iLab a Ă©galement servi de source dâinspiration pour le centre MINT affiliĂ© Ă lâEPF de Zurich: une unitĂ© dâĂ©tude appelĂ©e « ondes » y a Ă©tĂ© installĂ©e destinĂ©e Ă prĂ©parer les visites Ă lâiLab. En 2011, lâassociation « MobiLab », un laboratoire dâĂ©tude nature et technique, a Ă©tĂ© fondĂ©e Ă Aarau avec pour objectif de motiver les Ă©coliers des classes primaires supĂ©rieures pour les sciences naturelles Ă lâaide dâexpĂ©rimentations prĂ©sentĂ©es Ă lâĂ©cole. Une prĂ©sentation dâiLab Ă lâoccasion dâune confĂ©rence sur lâĂ©valuation et lâapplication de lâĂ©tude PISA a considĂ©rablement contribuĂ© au lancement de ce projet.
Il existe un besoin urgent de laboratoires pour écoliers supplémentaires
Afin de pouvoir obtenir des rĂ©sultats reprĂ©sentatifs au niveau suisse, il serait indispensable dâinstaller dans les petits cantons au moins un laboratoire pour Ă©coliers et mĂȘme deux Ă trois dans les plus grands cantons, ce qui signifie quâil faudrait installer une bonne trentaine de laboratoires. Ce nombre correspondrait environ Ă la densitĂ© de laboratoires en Allemagne qui en compte actuellement 304. Les laboratoires dâĂ©tude de la ConfĂ©dĂ©ration, les deux EPF, les universitĂ©s cantonales et les hautes Ă©coles spĂ©cialisĂ©es ainsi que lâindustrie de recherche seraient des institutions idĂ©ales pour hĂ©berger de tels laboratoires.
Financement des laboratoires pour Ă©coliers
Afin de permettre aux institutions mentionnĂ©es dâinstaller des laboratoires pour Ă©coliers, il serait nĂ©cessaire que le financement se fasse par la ConfĂ©dĂ©ration et les cantons ainsi quâĂ lâaide de donateurs et sponsors. DĂ©pendant de lâĂ©quipement des laboratoires, il est question dâune somme annuelle dâenviron 15 Ă 30 millions de francs pour toute la Suisse, donc 2 Ă 4 francs par habitant â un prix modeste pour prĂ©server la force innovatrice actuelle de la Suisse.