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Interlocuteur Dr. Jean-Philippe KohlDr. Jean-Philippe Kohl
Chef de la division « Politique économique » / Directeur adjoint
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Première réforme de politique économique réussie depuis longtemps

Ce que presque personne n’aurait tenu pour possible a cependant réussi : avec l’abolition des droits de douane industriels le parlement suisse, lors de la session d’automne qui vient de tirer à sa fin, a décidé la plus grande réforme administrative depuis dix ans. C’est extrêmement réjouissant pour l’industrie MEM suisse. L’importance de politique économique de cette décision va bien plus loin.

Les affaires relatives Ă  l’abolition des droits de douane industrielsont une histoire riche en changements derrière elles et ont Ă©tĂ© plusieurs fois au bord de l’échec politique. Maintenant, une vĂ©ritable amĂ©lioration des conditions-cadres de politique Ă©conomique est rĂ©ussie : l’abolition des tarifs et de la bureaucratie augmente la compĂ©titivitĂ© des entreprises industrielles suisses, en particulier des PME. Les consommateurs peuvent aussi se rĂ©jouir de baisses de prix, notamment pour les vĂŞtements et les souliers. L’artisanat indigène et le commerce de dĂ©tail sont renforcĂ©s. En plus, il y a besoin de moins d’offices fĂ©dĂ©raux. Une vĂ©ritable rĂ©forme donc !

La dĂ©cision du parlement d’abolir les droits de douane industrielsest particulièrement remarquable pour trois raisons :

  1. Cette réforme s’est faite de sa propre force, sans aucune pression extérieure. Ni l’OCDE ni l’UE n’ont mis la machine en marche. La réforme repose bien davantage sur la conviction que le bien-être de la Suisse est le résultat d’une ouverture économique. La dynamique économique déclenchée par la réforme devrait pouvoir compenser à moyen terme les pertes de recettes étatiques à court terme qu’entraînera forcément l’abolition des tarifs.
     
  2. La Suisse agit contre l’esprit destructeur de l’isolement. Les USA, la Chine et l’UE cloisonnent leurs économies de façon renforcée et poussent à la formation de blocs géopolitiques. Avec l’abolition unilatérale des droits de douane industriels,la Suissedonne un signe forten faveur du libre-échange et contre le protectionnisme.
     
  3. C’est avant tout au Conseil national que ce thème Ă©tait violemment controversĂ©. C’est essentiellement Ă  l’UDC – outre le PLR, les Verts-libĂ©raux et quelques politiciens du Centre – qu’on est redevable de l’abolition complète (au lieu de progressive) des droits de douane n’ait pas Ă©chouĂ© dans la Chambre du peuple. Alors que cette fraction Ă©tait encore partagĂ©e lors des premiers votes dĂ©cisifs lorsqu’il s’agissait d’entrer en matière, de nombreux reprĂ©sentants critiques de l’agriculture en particulier ont, dans la suite des dĂ©bats, aidĂ© le dossier Ă  passer. C’est d’autant plus remarquable que les agriculteurs n’avaient rien Ă  gagner dans cette affaire. Bien plus, beaucoup ont Ă©mis l’opinion qu’avec la suppression des droits de douane industriels la voie Ă©tait libre et que donc prochainement les tarifs agricoles seraient sous pression. Swissmem tient certes cette crainte pour infondĂ©e, mais a toujours pris au sĂ©rieux les craintes des paysans. Swissmem apprĂ©cie d’autant plus le soutien final de ces reprĂ©sentants de l’agriculture pour l’amĂ©lioration des conditions du site de l’industrie. En revanche est dĂ©cevant le refus du projet par le PS, les Verts et un tiers de la fraction du Centre : au lieu d’abolir les  tarifs douaniers – c’est-Ă -dire des impĂ´ts pour les consommateurs et l’industrie – ils voulaient conserver le plus d’argent possible pour des programmes de soutien Ă©tatique Ă  leur clientèle.

L’abolition des droits de douane industriels entrera probablement en vigueur en 2024. Dès que d’autres informations sur l’application seront disponibles, Swissmem en informera les entreprises membres.

Que peut-on apprendre de cette rĂ©forme pour l’avenir ? La Suisse reste capable de se rĂ©former quand s’unissent diffĂ©rentes forces politiques qui comprennent que ce sont en fin de compte les entreprises qui crĂ©ent le bien-ĂŞtre et les emplois dans ce pays. Cela englobe aussi une nouvelle culture de la collaboration entre l’économie et l’agriculture, dans laquelle les deux parties se soutiennent rĂ©ciproquement dans des projets importants pour elles (par exemple les initiatives sur les pesticides pour les agriculteurs). Nous pouvons ainsi amĂ©liorer de manière Ă©gale les conditions-cadres pour toutes les entreprises de l’agriculture, de l’industrie et des services. Cela ne signifie pas que nous ne devons pas seulement avancer des arguments relatifs Ă  l’industrie, mais – comme pour les tarifs douaniers en tant qu’impĂ´ts Ă  la consommation pour les habits, les souliers, etc. – mais que nous devons interpeller les diffĂ©rents groupes d’électeurs et leurs reprĂ©sentants au parlement.  Finalement fut essentiel l’engagement personnel de diffĂ©rentes de nos entreprises membres, qui purent montrer l’importance du projet pour leur avenir dans la place industrielle suisse.

Dans ce sens, le succès durement et finalement tout juste obtenu est une indication pour d’autres rĂ©formes. Notre pays a un besoin urgent de tels succès !

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Dernière mise à jour: 08.10.2021