Nous sommes dans une période turbulente et l’Europe a perdu de sa sécurité avec l’attaque de l’Ukraine, a déclaré Anders Fogh Rasmussen, ancien secrétaire général de l’OTAN et premier ministre danois, dans son allocution d’ouverture. Les fossés entre les démocraties et les autocraties s’approfondissent, les dépendances par exemple pour l’approvisionnement en énergie et les relations d’affaires internationales sont à l’heure actuelle douloureusement perceptibles. Il a plaidé en faveur du fait que les États occidentaux relèvent ces défis en unissant leurs forces et en défendant de manière conséquente les valeurs démocratiques. Et il s’est montré convaincu qu’il est possible d’y parvenir.
Le Conseiller fédéral Ueli Maurer, chef du Département fédéral des finances, a souligné, dans son discours, que la Suisse a, dans le contexte actuel, plus que jamais besoin d’une armée forte, mais que ce sont avant tout les thèmes de l’approvisionnement énergétique, de la globalisation et des chaînes de livraison intactes qui sont extrêmement urgents. Dans le domaine de la cybersécurité, l’office fédéral prévu constitue un pas important pour réunir, coordonner et renforcer les compétences en Suisse. En matière de numérisation, la sécurité des données deviendra toujours plus un atout capital de la place économique et la Suisse est bien placée en la matière.
Le Président de Swissmem Martin Hirzel a présenté les résultats les plus importants de l’étude actuelle réalisée par l’association auprès de ses membres sur le thème de la cybersécurité. Ils ont retenu l’attention. En effet, presque 70% des entreprises interrogées ont répondu avoir été au moins une fois la cible d’une attaque au cours des deux dernières années.
Après que le public a eu l’occasion plus tôt dans l’après-midi de vivre une cyberattaque de manière interactive avec Riccardo Sibilia, chef Computer Network Operations de l’armée suisse (BAC), et de pouvoir décider lui-même des prochaines étapes, on se réjouissait d’autant plus de la table ronde avec des CEO concernés qui ont raconté comment ils ont réagi.
Irina Leutwyler, CEO de WESCO SA, Barend Fruithof, CEO d’Aebi Schmidt SA et Andrea Roth, CEO de Geobrugg SA, ont aussi fait part de manière étonnamment ouverte et honnête de leurs réactions personnelles, des mesures prises et des leçons tirées. Tous étaient unanimes :
- Chacun peut être concerné, car les attaques ne sont souvent pas ciblées, mais simplement effectuées là où les systèmes ou les hommes le permettent.
- La sécurité est l’affaire du chef et une tâche permanente parce que les technologies se développent et de ce fait, les lacunes en matière de sécurité doivent être constamment vérifiées.
- Le personnel doit être sensibilisé et régulièrement formé.
- Il faudrait décider consciemment de ce qu’on peut fournir soi-même en matière de cybersécurité et où il faut recourir à des partenaires externes.
Philippe Amon, Président et CEO de SICPA SA, a classé les défis pour les entreprises à un niveau stratégique. L’anticipation et la préparation sont, selon lui, indispensables et il faut des investissements constants dans les capacités et l’infrastructure pour contrer efficacement les cyberrisques. En même temps, le fait de créer la confiance est une importante valeur dans les relations d’affaires. Consciente de cela, SICPA planifie un centre de compétences pour l’économie de confiance qui aura pour but de regrouper les groupes d’intérêts dans le domaine des technologies de la sécurité.
La partie officielle s’est terminée par une table ronde avec la participation des Conseillères nationales Maja Riniker (PLR), Edith Graf-Litscher (PS) et les Conseillers nationaux Franz Grüter (UDC) et Gerhard Andrey (Les Verts). La discussion a clairement montré que le thème de la sécurité a aussi gagné en importance en politique. La fourchette allait de l’armement militaire à la sécurité de l’approvisionnement énergétique en passant par l’exportation de matériel de guerre.
L'apéritif qui a suivi a donné l’occasion de continuer à discuter le thème de la Journée de l’industrie, de soigner les échanges et d’approfondir des questions avec des cyberexperts au stand de l’initiative Industrie 2025.