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Interlocuteur Dr. Jean-Philippe KohlDr. Jean-Philippe Kohl
Chef de la division « Politique économique » / Directeur adjoint
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Augmentation des intérêts à long terme de la BNS pour éviter une spirale salaires-prix

L’environnement économique est stimulant pour l’industrie MEM. L’appréciation du franc suisse fait suite à l’augmentation du taux directeur. C’est douloureux pour de nombreuses entreprises industrielles. Mais une inflation incontrôlée serait un plus grand mal. Elle pourrait entraîner une spirale salaires-prix et finir en stagflation. L’histoire montre qu’une stagflation ne peut être combattue qu’au prix d’une profonde récession avec un taux de chômage élevé. La lutte contre l’inflation est donc bénéfique pour tous. C’est pourquoi Swissmem comprend l’augmentation du taux directeur de la BNS.

En tant qu’industrie d’exportation, on ne peut jamais se réjouir d’une augmentation des taux directeurs par la Banque nationale. En règle générale, cela va avec un renforcement de la propre monnaie ce qui à son tour pèse sur la compétitivité des prix des entreprises d’exportation sur les marchés étrangers. La décision de la Banque Nationale Suisse (BNS) d’augmenter les taux directeurs de -0,75% à -0,25% a directement entraîné une augmentation du franc suisse. Le taux de change de l’euro si important pour l’industrie MEM était avant la décision de la BNS à plus de 1.04 CHF/euro et a baissé à 1.01 CHF/euro le jour suivant.

Le cadre économique général est déjà assez stimulant pour l’industrie MEM : chaînes d’approvisionnement perturbées à cause de la guerre en Ukraine et du confinement en Chine, le risque d’une pénurie d’électricité et de gaz, l’affaiblissement de la conjoncture dans les principaux marchés de vente que sont l’UE et les USA à cause d’une forte inflation et d’augmentation des intérêts et plus encore.

MĂŞme si, pour un taux de change de +/- 1.05 CHF/euro, il n’y a presque pas de dĂ©savantage concurrentiel, la nouvelle augmentation du franc est une nouvelle charge pour l’industrie MEM. C’est surtout le cas pour les entreprises qui sont actives dans des projets Ă  long terme et qui n’ont pas pu introduire de clause indiciaire pour les changements de taux de change dans leurs contrats. L’augmentation du franc a des consĂ©quences douloureuses pour ces entreprises et pèse sur les marges dĂ©jĂ  restreintes du fait de la hausse des prix des matières premières et de l’énergie. 

Swissmem a cependant de la compréhension pour l’augmentation du taux directeur. Il est incontesté que la BNS a pour mission d’assurer la stabilité des prix. Vu l’inflation qui a fortement augmenté à presque 3% et le risque d’une autre augmentation, la BNS aurait dû tôt ou tard changer de cap en matière de politique monétaire. La lutte contre l’inflation est bénéfique pour tous :

  • L’inflation est un flĂ©au de l’humanitĂ© et entraĂ®ne une redistribution arbitraire des revenus et de la fortune. Les perdants sont les plus faibles socialement et les Ă©pargnants. Les petites fortunes de moins de 10 000 francs sont souvent mises sur un compte bancaire et non investies en valeur rĂ©elle telles que l’immobilier, les actions ou les matières premières qui jouissent d’une certaine protection contre l’inflation. Le pouvoir d’achat de cet argent fond comme neige au soleil en cas d’inflation incontrĂ´lĂ©e et c’est ainsi que les Ă©conomies disparaissent.
  • L’inflation ne se limite qu’au premier plan au renchĂ©rissement du pĂ©trole, du gaz naturel et de l’électricitĂ©. Comme ces agents Ă©nergĂ©tiques sont non seulement directement consommĂ©s par les mĂ©nages, mais aussi utilisĂ©s dans la production de pratiquement tous les biens et les services, tous ces derniers renchĂ©rissent du fait des coĂ»ts de production plus Ă©levĂ©s. De ce fait, l’inflation s’infiltre toujours plus dans tous les domaines de vie Ă©conomiques. Dès qu’une inflation commence Ă  se consolider, il y a le risque que la spirale salaires-prix se dĂ©clenche. Si c’est le cas, elle se termine en stagflation, une situation extrĂŞmement dĂ©sagrĂ©able avec une stagnation de l’évolution Ă©conomique et une plus ample augmentation de l’inflation. L’histoire montre que la stagflation ne peut ĂŞtre surmontĂ©e qu’au prix d’une profonde rĂ©cession (ainsi qu’un taux de chĂ´mage Ă©levĂ©).
  • Pour terminer, la lutte contre l’inflation rend toutes les mesures Ă©tatiques obsolètes qui sont proposĂ©es dans le dĂ©bat politique sur la manière dont la population peut compenser les pertes de pouvoir d’achat. Comme la baisse des impĂ´ts sur les carburants, la baisse des primes de caisse maladie, etc. Ces mesures entravent le budget de l’État tout en n’ayant un effet qu’à court terme si l’inflation n’est pas traitĂ©e Ă  la racine. Si l’inflation s’implante, l’État devra fournir d’autres mesures de soutien ce qui Ă  la fin n’est plus payable. 

L’augmentation des intĂ©rĂŞts de la BNS est douloureuse pour l’industrie MEM, cela ne fait aucun doute. Mais elle permet d’éviter de « plus fortes douleurs ». Elles apparaĂ®traient plus tard si l’inflation n’était pas combattue suffisamment tĂ´t. Dans ce contexte, toute personne devrait avoir de la comprĂ©hension pour l’augmentation du taux directeur de la BNS. 

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Dernière mise à jour: 20.06.2022