Les frontières doivent êtres sécurisées. C’est aussi bien valable pour les frontières de la Suisse que de celles de l’UE. En ce qui concerne ces dernières, Frontex joue un rôle décisif. Dans la zone Schengen, dont la Suisse fait partie depuis 2008, Frontex doit faire respecter les règles d’entrée. C’est capital, car comme nous le savons en tant qu’Européens privilégiés, de grandes parties de l’Europe disposent de la qualité de vie la plus élevée au monde et sont, de ce fait, des destinations prisées.
Faisant partie de l’espace Schengen, la Suisse doit aussi fournir sa contribution. Tout d’abord, en sécurisant ses propres frontières - que ce soit directement à la frontière ou dans la zone environnante. Ce point s’est amélioré grâce à la collaboration européenne entre les autorités policières, et nous sommes plus sûrs. Deuxièmement, notre contribution consiste en le soutien de Frontex, et donc des États à la frontière de l’espace Schengen, au moyen de personnel, de matériel et de savoir-faire.
Les vagues de réfugiés de la décennie passée, ainsi que l’extension des immigrés clandestins et des bandes de passeurs ont rendu le travail de Frontex plus difficile. Son travail est compliqué du fait de la frontière extérieure poreuse du point de vue géographique de l’Europe ainsi que par les pays souvent plus pauvres économiquement aux frontières extérieures. Dans ce contexte, l’appel en faveur d’une Frontex mieux équipée et soutenue est tout aussi compréhensible que l’appel souvent émis en Suisse et accentué au cours des dernières années par le parlement en faveur d’un renforcement des garde-frontières suisses.
Le fait que la Suisse augmente au cours des prochaines années sa contribution à Frontex à 61 millions de francs par année jusqu’en 2027 va de soi et est dans notre propre intérêt vu les dépenses de Frontex et son utilité pour la Suisse.
Il n’y a pas que la Suisse et notre économie qui profitent concrètement de l’accord de Schengen : les contrôles systématiques à la frontière sont tombés, ce qui permet à nos frontaliers et collaborateurs engagés dans les prestations de services de perdre moins de temps dans les bouchons et rend la Suisse plus attrayante. L’expédition des marchandises est aussi plus rapide et plus avantageuse. Le secteur du tourisme profite énormément parce que beaucoup de voyageurs individuels ne demanderaient pas un visa supplémentaire pour la Suisse en plus de leur visa pour l’espace Schengen, et nous perdrions beaucoup de touristes puisque nous ne serions plus dans l’espace Schengen. Les hôtels et les restaurants perdraient jusqu’à 500 millions de francs par année. Ces avantages et d’autres de l’accord de Schengen et de Dublin tomberaient directement si la Suisse ne soutient pas le développement de Frontex.
Nos arguments économiques n’intéressent pas les partisans de gauche du référendum. Ils argumentent sous la bannière des droits de l’homme. Plutôt que protéger nos frontières, ils veulent une culture de bienvenue pour les réfugiés de tous les pays. De plus, ils dénigrent - comme lors des attaques sur le corps de police suisse en cas de démonstrations - le personnel Frontex à cause de prétendues violations des droits de l’homme. En clair : des abus peuvent arriver. Ils doivent en premier lieu être sanctionnés. L’État de droit est là pour cela. En second lieu, si les abus sont dus à une surcharge, l’augmentation du personnel, du meilleur matériel et davantage de formation comme proposé dans le projet sont la bonne solution.
Pour les partisans de gauche au référendum, il s’agit d’affaiblir systématiquement les forces de l’ordre. Les mêmes acteurs étaient jusqu’à la guerre en Ukraine aussi contre la défense nationale de la Suisse. Et le conflit en Ukraine, que personne dans sa brutalité en Europe n’aurait cru possible, entraînera espérons un changement dans la manière de penser : plus de 150 officiers de Frontex aident à la frontière avec la Roumanie et la Moldavie à maîtriser l’afflux des réfugiés. Ils soutiennent également les personnes d’États tiers qui ont fui l’Ukraine à retourner dans leur pays.
Il faut espérer que le réflexe anti-police de la gauche et le réflexe anti-Europe de certains opposants de droite à Frontex n’ait plus lieu d’être grâce à des arguments objectifs et les annonces d’horreur en provenance de l’Ukraine. Pour moi, il ne fait aucun doute qu’il faut dire OUI à l’augmentation des fonds pour Frontex. Pour vous aussi, je l’espère !