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La Confédération vise des mercenaires mais affecte ce faisant Pilatus

La mise en œuvre de la Loi fédérale sur les prestations de sécurité privées fournies à l’étranger (LPSP) devait interdire les entreprises proposant les services de mercenaires en Suisse. Mais elle rate ses objectifs et affecte ce faisant des sociétés telles que Pilatus. Cela met en péril de nombreux emplois, des connaissances technologiques et les atouts de la Suisse en tant que lieu de production. Swissmem regrette la décision du DFAE, qui mène à l’interdiction de prestations de services de la société Pilatus en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, et exige une clarification rapide de la base juridique. Celle-ci peut se faire aussi bien par un arrêt du Tribunal administratif fédéral que par la voie parlementaire. Les entreprises de technologie helvétiques doivent pouvoir continuer à opérer dans le pays, dans l’intérêt de l’industrie et surtout de la politique économique et de sécurité de la Suisse.

La Loi fédérale sur les prestations de sécurité privées fournies à l’étranger (LPSP) est entrée en vigueur en 2015. La loi visait (notamment du point de vue du GSsA[1]) à réguler l’activité des sociétés de sécurité privées à l’étranger. Celles-ci avaient commencé à proposer à partir de la Suisse des « services de mercenaires » sur des zones de conflit étrangères, ce qui aurait pu nuire à l’image de la Suisse. Cet objectif a été atteint car ces sociétés ont aujourd’hui quitté le territoire.

Préjudice non souhaité pour les entreprises technologiques suisses et leurs collaborateurs

L’industrie helvétique réussit grâce à des produits à la pointe de la technologie. Aujourd’hui, la vente de ces produits est associée, presque sans exception, à des services de maintenance et de formation. Dans le dossier Pilatus, la décision prise par un service du DFAE montre de manière exemplaire et à plusieurs égards que la LPSP a été formulée sans précautions et se révèle contre-productive.

  • Selon la loi sur le contrĂ´le des biens, les avions d’entraĂ®nement de Pilatus peuvent ĂŞtre vendus avec une autorisation d’exportation en tant que biens militaires spĂ©cifiques. En revanche, la maintenance et la formation sont dĂ©sormais interdites. La consĂ©quence est une interdiction de fait de l’exportation d’avions d’entrainement vers des pays comme l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis.
  • La numĂ©risation entraĂ®ne une superposition croissante de problèmes de nature civile et liĂ©s aux technologies de sĂ©curitĂ©. Les services tels que la formation et la maintenance sont souvent indissociables des biens auxquels ils se rapportent. D’autres produits sont potentiellement concernĂ©s, comme les instruments et composants optiques, les simulateurs ainsi que d’autres applications du domaine de la haute technologie. La dĂ©cision du DFAE a donc un impact considĂ©rable. Elle compromet les connaissances des entreprises suisses en matière de techniques sĂ©curitaires, et affaiblit ainsi la capacitĂ© du pays Ă  conserver ici les compĂ©tences nĂ©cessaires pour assurer sa sĂ©curitĂ©.
  • La LPSP contredit d’autres lois (p. ex. loi sur le contrĂ´le des biens et loi sur le matĂ©riel de guerre) et sème la confusion entre les compĂ©tences de l’administration fĂ©dĂ©rale (en particulier le SECO et le DFAE). Ce qui gĂ©nère de l’insĂ©curitĂ© juridique.

Avec Pilatus, c’est un leader technologique mondial employant 2000 personnes en Suisse qui est touché, une entreprise qui a récemment commercialisé avec grand succès le PC-24, premier avion de passagers développé et produit en Suisse. Et il faut ajouter à ce chiffre de nombreux emplois chez les sous-traitants. La LPSP met en péril un grand nombre de ces emplois, ainsi que de futurs investissements en Suisse. Au final, elle débouche sur une pratique nettement plus stricte que dans nombre d’états comparables. L’interdiction de fait de certaines exportations de biens et de services dans le domaine de la sécurité affecte donc l’industrie en général.

Besoin d’une clarification rapide

Ironiquement, la décision du DFAE justifie maintenant un autre risque d’image en termes de politique extérieure. Les états concernés la considéreront comme une action inamicale de la Suisse, et pourraient défavoriser celle-ci dans d’autres domaines économiques. En outre, notre réputation de partenaire fiable est atteinte. Cela vaut également pour des entreprises telles que Pilatus qui, après l’autorisation de telles exportations et la conclusion de contrats correspondants avec leurs clients, peuvent faire confiance à la sécurité juridique de l’état pour honorer leurs engagements. La décision dans le dossier Pilatus est donc lourde de conséquences du point de vue de l’économie, de la sécurité et de la politique extérieure. Elle aurait impérativement dû être prise par le Conseil fédéral, ce qui aurait été possible conformément à l’art. 15 LPSP. À l’avenir, il doit rester possible pour les sociétés industrielles et technologiques helvétiques d’exporter des produits et de réaliser les prestations de services nécessaires. Par conséquent, Swissmem soutiendrait Pilatus si l’entreprise entamait une action en justice. En outre, Swissmem invite le Parlement à adapter la LPSP aussi rapidement que possible et à créer ainsi de la sécurité juridique.

La Confédération vise des mercenaires mais affecte ce faisant Pilatus1 Réponse à la consultation de janvier 2012


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Dernière mise à jour: 28.06.2019