Actuellement, les PFAS sont sous les feux de la critique en raison de leur impact sur l’environnement et des risques pour la santé. Il n’y a pourtant pas si longtemps que la substance la plus connue parmi les PFAS, c’est-à -dire le Téflon, était saluée comme le matériau miracle par excellence. Le Téflon est hydrofuge et résistant à la chaleur. C’est tout simplement le meilleur matériau pour de nombreuses applications. Il fait partie des plastiques fluorés qui n’ont eux-mêmes aucun impact significatif sur l’environnement et l’homme.
On voit ici précisément la problématique d’une interdiction générale des PFAS. On met 10 000 substances dans le même panier, alors que leur potentiel de risque est complètement différent. On accepte de ce fait de ne plus pouvoir fabriquer à l’avenir des produits nécessaires, par exemple, au développement des énergies renouvelables. Mais ce n’est pas tout. D’autres domaines d’application seraient également touchés. Les fluoropolymères sont utilisés par une grande partie de l’industrie de production. Les batteries haute performance, telles que celles utilisées dans les ordinateurs portables, les tablettes et les téléphones portables, dans les voitures ou les vélos électriques, dépendent de membranes en fluoropolymères.
Les polymères fluorés sont également le matériau préféré pour les joints, comme ceux fabriqués par Kubo Tech. L’eau potable propre, le lait ou le yaourt ne peuvent être traités et transportés qu’avec des joints appropriés. Ils protègent le produit contre des influences extérieures et les impuretés. Mais ils empêchent également les produits chimiques critiques de s’échapper dans l’environnement - par exemple pour le mazout, l’essence ou le gaz.
Les liquides de haute pureté sont aussi importants pour les clients de Levitronix. Cette entreprise fabrique des systèmes de pompe à paliers magnétiques utilisés pour la fabrication de composants semi-conducteurs (puces informatiques, électronique, etc.). Les liquides transportés par des tuyaux – dont certains sont des acides et des alcalis concentrés, mais aussi de l’eau pure – ne doivent en aucun cas entrer en contact avec du métal. Les polymères fluorés sont indispensables à ces processus, car ce sont les seuls matériaux qui peuvent être utilisés sans être détruits ou provoquer des contaminations.
Les fluoropolymères sont aussi utilisés dans la technologie médicale. L’entreprise de Suisse orientale HB-Therm fabrique des thermorégulateurs pour l’industrie de transformation des matières plastiques. Ceux-ci sont par exemple utilisés pour la production de seringues à insuline ou d’appareils respiratoires. Le moulage par injection de matières plastiques nécessite des températures de moule contrôlées. Les thermorégulateurs les régulent à l’aide d’un fluide caloporteur, en ajoutant ou en retirant de la chaleur de manière régulée. Ainsi, les pièces en plastique sont correctement formées. Les produits de HB-Therm contiennent des PFAS parce qu’il n’existe pas actuellement d’alternatives capables de résister à des températures supérieures à 100 °C.
La question se pose donc : qu’est-ce qui est plus durable ? Une interdiction globale de tous les PFAS ou une prise en considération différenciée de ce groupe de substances hétérogène, ce qui garantirait la fabrication de produits d’importance systémique à l’avenir également ?
Une chose est certaine : si une interdiction générale des PFAS devait être introduite dans l’UE et, plus tard, en Suisse, cela aurait des conséquences disruptives pour l’industrie de production. Pour les exemples cités, cela signifierait : la production des puces devrait être délocalisée à l’étranger, ce qui entraînerait une plus grande dépendance vis-à -vis de la Chine, de Taiwan et autres. L’offre de produits serait réduite et il faudrait s’attendre à une baisse de la qualité. Pour certaines applications, il n’y aurait probablement pas de solution valable pendant une période indéterminée. Par exemple dans la technologie du bâtiment, le transport de l’électricité ou dans l’aéronautique qui ne fonctionnent tout simplement pas ou nettement moins bien sans fluoropolymères.
Il est indéniable qu’il faut des alternatives aux PFAS toxiques présentant des risques pour la santé et l’environnement. Mais une interdiction généralisée risque d’avoir des conséquences négatives importantes.