L’économie circulaire ne doit clairement pas « seulement » être comprise comme recyclage, bien que cela en soit indubitablement une importante partie. Les matériaux doivent être gérés le plus efficacement possible dans l’ensemble du cycle de production et de consommation (de manière circulaire justement). Outre les processus de recyclage actuels, il faut également des innovations pour le traitement des matériaux secondaires et leur application.
Potentiel pour de nouveaux modèles commerciaux
En outre, des modèles commerciaux innovants jouent un grand rôle. Nommons le « Product as a service », les modèles de prestations ou la « sharing economy ». Dans l’industrie MEM, les biens d’investissement durables, les réparations, l’entretien et le retraitement (remanufacturing) sont souvent standard. La durée d’une machine conçue pour 25 ans, doit-elle être étendue à 40 ans ?
Une analyse du modèle commercial pour savoir s’il est compatible avec l’économie circulaire peut permettre d’identifier un potentiel attrayant. Les biens d’investissements devraient justement être appropriés pour un modèle de services, indépendamment des coûts d'investissement élevés. De nombreuses entreprises étudient déjà en détail des approches d’économie circulaire.
Avantage grâce à l'innovation et l’affinité pour la numérisation
L’innovation est requise à tous les niveaux, et la mise en œuvre peut impliquer une collaboration dans la chaîne de fourniture. Un rapport de la situation de la haute école spécialisée bernoise (BFH) et du centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPF Zurich met en évidence les aspects favorables à une mise en œuvre réussie de l’économie circulaire. L’industrie MEM suisse se trouve ici face à des défis de taille vu la complexité des chaînes de plus-value. Elle est toutefois prédestinée à les gérer de manière optimale grâce à sa force d’innovation et à son affinité pour la numérisation.
Le cadre légal doit être posé
L’économie circulaire doit être aussi encouragée par la législation en Suisse. Une proposition du parlement en vue d’une révision partielle de la loi sur la protection de l'environnement veut introduire une base légale contenant les objectifs en matière de ressources, les exigences posées aux produits et les devoirs élargis des fabricants. Swissmem soutient par principe cette proposition, en particulier la subsidiarité des mesures, la concordance de la réglementation avec les marchés de vente les plus importants et la vérification régulière des dispositions inhibitrices. Par contre pour la mise en œuvre, il faut tenir compte des ressources en personnel et financières limitées avant tout pour les PME. Le temps pour l'administration doit être aussi maintenu assez bas pour que les entreprises aient les mêmes conditions que les concurrents internationaux.
Les activités dans l’UE concernent aussi les entreprises suisses
L’UE s’attelle depuis longtemps à la conception des conditions-cadres pour l’économie circulaire.
Le deuxième « Plan d’action économie circulaire » de 2020 comprend divers éléments entre autres les exigences auxquelles doivent répondre les produits (écodesign), les emballages et les déchets. La nouvelle ordonnance sur les batteries, élaborée dans l’UE, pose un jalon montrant la direction à prendre : taux de recyclage, empreinte CO2 ou teneur en matériaux secondaires. Par ailleurs, dans le « Pacte vert de l’UE » divers projets sont en cours de réalisation qui sont liés à l’économie circulaire. En outre, une partie de la « taxonomie de l’UE » en fait aussi partie qui comprend une liste des activités durables des entreprises. Un des six domaines thématiques est l’économie circulaire. À l'avenir, les entreprises devront toujours plus divulguer leurs informations, que ce soit parce qu'elles en ont directement l’obligation (les plus grandes), ou indirectement parce que leurs clients leur demandent. Les exigences devraient générer un investissement supplémentaire pour beaucoup d’entreprises. Les entreprises suisses seront aussi concernées, en tant que fournisseurs ou filiales dans l’UE.
Maintenir la compétitivité
Les activités dans l’UE sont importantes mais pas obligatoires dans chaque cas pour la Suisse. Aujourd’hui déjà , on constate parfois diverses mises en œuvre dans les États membres de l’UE qui entravent les entreprises actives au niveau international. Un durcissement des directives n’est pas la solution pour la Suisse vu qu’il entraverait la compétitivité sans apporter une plus-value écologique. Le projet parlementaire va dans la bonne direction avec son engagement en faveur de la subsidiarité et de la coopération avec l’économie.
Si vous avez des questions, Christine Roth, cheffe du secteur Environnement, vous renseigne volontiers.