La Suisse n’a pas d’installations de stockage de gaz. En hiver, elle dépend entièrement des importations. La plupart du gaz provient d’Allemagne, qui l’achète à son tour à la Russie. Il est à prévoir que la Russie arrêtera complètement ses livraisons de gaz en hiver. Le fait que les sources d’approvisionnement alternatives ne peuvent pas encore compenser entièrement le gaz russe rend cet hiver les stockages de gaz européens essentiels pour garantir la sécurité d’approvisionnement en gaz en Suisse également.
Malheureusement, les volumes de stockage sont insuffisants pour couvrir les besoins habituels en gaz en hiver. Selon l’Agence fédérale allemande du réseau, une pénurie de gaz en hiver ne peut être évitée que si l’Allemagne réduit à la fois sa propre consommation et ses exportations.
Ce scénario est menaçant pour la Suisse qui dépend de la volonté de l’Allemagne et d’autres pays de l’UE de ne pas couper l’approvisionnement si le gaz venait à manquer en hiver. Dans ce contexte, la Suisse s’est solidarisée avec l’objectif de l’UE d’économiser 15% de gaz d’ici fin mars 2023. Ceci en comparaison avec la consommation moyenne de gaz des cinq dernières années.
Économies importantes grâce à la conversion des installations bicombustibles
À court terme, économiser le gaz est la mesure la plus efficace pour éviter une situation de pénurie. Dans l’industrie, les installations dites bicombustibles offrent le plus grand potentiel d’économie. Elles fonctionnent généralement au gaz pour la production de chaleur industrielle à haute température. En passant au mazout, la consommation totale de gaz en Suisse peut être réduite d’environ 20%. Swissmem l’a reconnu dès le mois de juillet et s’est engagée avec succès pour que les obstacles réglementaires liés à la conversion du gaz au mazout soient levés. Nous avons ainsi obtenu les conditions nécessaires pour exploiter au mieux le potentiel d’économie des installations bicombustibles.
Avec succès ! Gazenergie (l’Association suisse de l’industrie gazière) confirme qu’environ 20% de gaz ont été économisés pendant les mois d’été par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. Cela s’explique en grande partie par le fait que l’exploitation des installations bicombustibles dans l’industrie est passée du gaz au mazout. Le fait que cela ait pu être réalisé est doublement important. L’industrie a ainsi contribué notablement au fait que les réservoirs européens soient remplis au maximum. De plus, la consommation de gaz dans les processus de production de l’industrie restera inférieure dans les mêmes proportions pendant les mois d’hiver, ce qui diminuera substantiellement le besoin d’importation.
L’industrie a donc donné l’exemple. Elle continuera à exploiter son potentiel d’économies dans les mois à venir. Si la température ambiante est limitée à 19 degrés en hiver également dans les bâtiments privés et publics, l’industrie, les particuliers et les pouvoirs publics peuvent éviter ensemble une pénurie de gaz.