Le rôle de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux dans la transformation du système d’approvisionnement en énergie est clair.
La sécurité de l’approvisionnement en électricité est existentielle pour l’industrie et toute la société. Il se pourrait qu’elle soit déjà menacée dans quelques années, ce que les politiques ont enfin reconnu. Le parlement a commencé de délibérer sur le soi-disant « acte modificateur unique » qui lie la loi sur l’énergie et la loi sur l’approvisionnement énergétique. Quant à savoir si ces révisions de lois permettront de garantir la sécurité d’approvisionnement, cela reste incertain pour le moment.
Le « moteur industrie »
Le rôle de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux dans la transformation du système d’approvisionnement en énergie est clair. En tant qu’industrie moteur, elle fournit des solutions technologiques tout au long de la chaîne de valeur Énergie. Afin que ces solutions puissent être prises en considération, la politique énergétique doit satisfaire les exigences suivantes : elle doit a) montrer comment assurer la sécurité d’approvisionnement ; b) faire en sorte que les prix de l’électricité sur la place industrielle restent compétitifs au niveau international ; c) abandonner les réglementations « pour un seul domaine » motivées au niveau politique et faciliter l’introduction de nouvelles solutions en restant neutre en matière de technologie.
L’évaluation du projet soumis au parlement par le Conseil fédéral est mitigé dans ce contexte.
L’ouverture complète du marché attendue depuis longtemps est à saluer. Ce n’est que dans un contexte de concurrence que naissent les innovations qui percent. L’ouverture du marché offre en particulier de nouvelles opportunités de commercialisation pour le photovoltaïque (PV). Toutefois, les obstacles régulatoires qui compliquent la construction d’installations et la commercialisation de l’électricité photovoltaïque doivent être supprimés.
Par contre, il faut rejeter la prolongation du subventionnement limité des énergies renouvelables jusqu’en 2035, sinon on risque d’avoir des subventions permanentes. Elles ne sont plus nécessaires pour la plupart des applications de PV car il est devenu rentable au cours des dernières années.
Si les subventions devaient toutefois être prolongées, il faudrait qu’elles se limitent aux applications de PV qui ne sont pas encore rentables. De plus, Swissmem rejette le supplément prévu pour l’électricité en hiver de 0,2ct./kilowattheure. Pour les entreprises grandes consommatrices d’électricité, comme les aciéries, le cumul de petites taxes supplémentaires du prix de l’électricité entraîne d’énormes coûts supplémentaires. L’existence de ces entreprises serait menacée.
Marché de l’électricité européen
Finalement, l’acte modificateur unique ne traite des thèmes importants qu’en marge ou pas du tout : une meilleure imbrication de la Suisse dans le marché de l’électricité européen reste une tâche importante. Déjà rien que pour maintenir la stabilité du réseau, il faut une harmonisation entre la Suisse et l’UE.
Il est aussi clair que les délais d’autorisation doivent être raccourcis pour pouvoir construire les capacités de production d’électricité supplémentaires en temps voulu. Pas un mot n’est dit sur les centrales nucléaires qui jouent un rôle important dans le système. Si à l’avenir une durée d’exploitation de 60 plutôt que 50 ans est acceptée, le risque d’une pénurie d’électricité, qui pourrait arrivée au début des années 2030 selon l’analyse de l’ElCom, serait clairement désamorcé.
Le parlement a du pain sur la planche pour assurer l’approvisionnement en électricité de la Suisse dans le cadre de l’acte modificateur unique. Il faut des améliorations notoires pour qu’une politique énergétique axée sur l’avenir, neutre au niveau des technologies et compétitive puisse voir le jour.
L’article a paru comme commentaire d’un invité dans la NZZ du 18 février 2022.