La Suisse a depuis des décennies une relation particulière avec la Chine. Elle a souvent été pionnière sur le plan politique et économique. La Confédération a été l’un des premiers pays à reconnaître politiquement la République populaire de Chine en 1950. Avec l’Islande, la Suisse est le seul pays européen à avoir un accord de libre-échange avec la Chine. Les bonnes relations de la Suisse avec la Chine sont importantes dans un monde où les conflits entre les grandes puissances ne cessent d’augmenter. Grâce à sa neutralité en matière de politique étrangère, la Suisse peut contribuer à atténuer les tensions. Cela ne signifie pas qu’elle n’exprime pas de critiques dans un cadre approprié.
Un marché central pour l’industrie
Ces dernières années, la Chine est devenue le troisième marché d’exportation le plus important pour l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (industrie MEM). En 2021, elle a exporté des biens vers la Chine d’une valeur de 4,7 milliards de francs. Ceci équivaut à environ quatre fois plus qu’il y a 20 ans. De plus, de nombreuses entreprises MEM entretiennent des filiales en Chine. Elles couvrent presque toutes les activités de l’entreprise, de la recherche et du développement à la production et au service. Les entreprises suisses proposent des emplois attrayants et prometteurs en Chine. Au cours des dernières décennies, l’industrie suisse a ainsi fortement contribué à l’émergence d’une classe moyenne en Chine et à sortir de la pauvreté des millions de personnes. Pour les produits industriels haut de gamme et de niche fabriqués en Suisse, la Chine restera à l’avenir un marché central.
Soulever la question des droits de l’homme - éviter les boycotts
L’industrie MEM emploie environ 560 000 personnes dans le monde entier dans ses filiales à l’étranger. Swissmem est convaincue que le négoce et l’activité globale de ses entreprises non seulement améliorent la prospérité et combattent la pauvreté, mais qu’ils sont aussi une contribution positive en faveur des droits de l’homme. La Chine et la Suisse se rencontrent en principe sur un pied d’égalité, même s’il existe des divergences en ce qui concerne la liberté de la société et la démocratie. Grâce au commerce, à l’échange d’idées et de collaborateurs, la compréhension et le respect mutuels augmentent.
Swissmem condamne les violations des droits de l’homme - que ce soit en Chine ou ailleurs. Les entreprises suisses respectent de bonne foi toutes les législations nationales et internationales. Elles se tiennent à toutes les réglementations en vigueur dans les régions où elles opèrent. Par ce comportement, les entreprises suisses assument leurs responsabilités. Cependant, il n’est pas dans le pouvoir de ces entreprises de modifier les lois et les règlements. Ce n’est pas non plus leur tâche de se prononcer en matière politique. Ce rôle revient à la politique.
En conséquence, le gouvernement suisse ne cesse de thématiser la situation des droits de l’homme dans ses contacts avec la Chine. Pour cela, il profite des possibilités de dialogue bilatérale et multilatérale. Pour la Suisse, en tant que petit pays, ceci est la voie à suivre car elle ne dispose pas de la puissance militaire ou politico-économique nécessaire pour influencer la Chine. Par conséquent le fait de sanctionner ou de boycotter ne changerait rien à la situation et ne ferait que nuire aux personnes sur place et à la Suisse elle-même. Les discussions sont bien plus efficaces. Swissmem espère donc que le dialogue sur les droits de l’homme entre la Chine et la Suisse reprendra bientôt.
De plus, la Suisse doit acquérir un statut d’acteur incontournable grâce à des initiatives et des offres diplomatiques pour la Chine et le monde en général. Il est primordial qu’elle cherche des solutions et des clarifications en tant que médiateur honnête à l’échelle internationale, car dans tout conflit, la vérité est la première victime. Il est donc réjouissant que la représentante de l’ONU pour les droits de l’homme se rende à Xinjiang éclaircir la situation. Il est en revanche regrettable que certaines ONG critiquent déjà d’avance ces développements. Il serait à espérer que la Suisse puisse jouer un rôle de médiateur - et devienne ainsi un acteur indispensable - dans le cadre de telles ou autres initiatives.
Grâce à leurs excellents produits de niche, les entreprises suisses devraient également pouvoir acquérir un statut d’indispensabilité. Ce double caractère indispensable doit être lié à une neutralité au niveau du commerce extérieur. Cela signifie également que la Suisse ne doit s’aligner que sur les sanctions prises par le Conseil de sécurité de l’ONU. Cette stratégie a un triple sens.
- Pour l’industrie suisse, qui exporte près de 80% de sa production, il est impératif d’exporter également vers la Chine et de pouvoir s’engager sur place. La Chine est le marché le plus peuplé au monde.
- L’exportation de technologies suisses efficaces et respectueuses des ressources contribue à la prospérité et à la protection de l’environnement dans le monde entier.
- Les bonnes conditions de travail dans les entreprises suisses sur place soutiennent les objectifs en matière de droits de l’homme et favorisent le transfert de nos valeurs grâce à un échange actif entre le personnel.
Cette stratégie est actuellement peu appréciée, mais à moyen terme, elle est la seule à promouvoir la prospérité ainsi que la paix, ce qui la rend importante et juste.