Les mesures de confinement imposées presque partout dans le monde à la suite de la pandémie du corona ont un impact massif sur l’industrie MEM suisse. Au deuxième trimestre 2020, les entrées de commandes ont chuté en moyenne de 19,5% par rapport à la même période l’année précédente. Pour l’ensemble du premier semestre 2020, la baisse a été de 10,2%. Situation semblable au niveau du chiffre d’affaires. Au deuxième trimestre 2020, il a chuté de 19,7% par rapport au trimestre 2019 correspondant. Sur l’ensemble du premier semestre, le recul est de 12,9%. En moyenne, l’effondrement a été le même tant pour les grandes entreprises que pour les PME. Toutefois, les entreprises sont touchées très différemment selon le segment de marché dans lequel elles sont engagées.
Le mauvais développement a affecté le taux d’utilisation des capacités de production dans les entreprises. Ce dernier se situait à 80,9% au deuxième trimestre 2020, ce qui est bien inférieur à la moyenne sur plusieurs années de 86,4%. Selon la dernière enquête du KOF, il se situait même à 77% en juillet. En d’autres termes, l’utilisation des capacités est donc tombée au niveau de la crise financière de 2009.
Au deuxième trimestre, la branche MEM occupait 319 600 personnes, ce qui correspond à une diminution de 3 200. Cependant, la raison de ce recul réside plutôt dans le fait que l’industrie MEM se trouvait déjà dans une situation difficile avant le confinement et qu’elle avait commencé à supprimer des emplois. L’impact de la pandémie aura sans aucun doute d’autres conséquences sur le nombre des personnes occupées dans l’industrie MEM dans les mois à venir.
Au cours du premier semestre 2020, les exportations de marchandises de l’industrie MEM ont atteint une valeur de 28,9 milliards de francs. Ceci correspond à une baisse de 16,4% par rapport au semestre correspondant de l’année précédente. Rien qu’au deuxième trimestre, les exportations ont diminué de 24,6% par rapport au même trimestre 2019. Traduit sur les différentes régions, les exportations vers l’UE ont chuté de 18,5% au cours du premier semestre, celles vers les États-Unis de 15,4% et celles vers l’Asie de 10,6%. Les groupes de produits n’ont pas tous été touchés de la même façon par ce recul. Les exportations ont diminué de 17,0% dans la construction de machines (34,2% de moins pour les machines-outils à elles seules), la métallurgie a perdu 16,4%, les instruments de précision 13,7% et le secteur de l’électrotechnique/électronique 11,9%.
Stabilisation Ă un faible niveau
La situation dans l’industrie MEM était déjà tendue avant la pandémie du corona. Les conséquences du confinement ont encore fortement aggravé la tendance négative. Depuis le renversement de tendance en 2018, les entrées de commandes dans l’industrie MEM affichent des chiffres négatifs pour le huitième trimestre consécutif. Il suffit de jeter un œil sur le taux de l’indice des entrées de commandes pour réaliser à quel point la chute globale est dramatique : depuis le milieu d’année 2018, le volume de commandes de l’industrie a reculé de 35,1%. Au niveau des commandes de l’étranger, qui représentent actuellement 75% du portefeuille total, le volume est même inférieur de 42,6% à celui de mi-2018. S’ajoute à cela que l’euro est encore nettement sous-évalué par rapport au franc suisse. De plus, le dollar américain s’est également effondré par rapport au franc suisse au cours des trois derniers mois. Ces deux facteurs affectent fortement les marges des entreprises.
Les perspectives à court terme ne sont guère optimistes et marquées par une grande incertitude. Certes, le nombre d’entrepreneurs de l’industrie MEM prévoyant une augmentation des commandes de l’étranger dans les douze mois à venir a passé de 10% au premier trimestre à 22% récemment. Mais, 51% des entrepreneurs craignent toujours une nouvelle détérioration de la situation au niveau des commandes (T1/2020 : 70%).
L’indice des directeurs d’achat (PMI) offre une certaine lueur d’espoir. Dans le monde entier, ce dernier a légèrement progressé au niveau de l’industrie. Après la chute dramatique du printemps, les valeurs actuelles de l’indice PMI signalent une stabilisation à un faible niveau. Cela ne signifie pas pour autant que nous pouvons nous attendre à un dynamisme de croissance important. Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem, est très inquiet : « La situation de l’industrie MEM suisse est sombre et l’incertitude est grande dans de nombreux marchés de vente. Une reprise progressive n’est pas attendue pour la plupart des entreprises avant le courant de l’année prochaine. À quoi cette reprise ressemblera dépendra de la situation de départ dans les marchés et segments de vente. Les entreprises sont donc contraintes d’adapter leur base des coûts aux nouvelles réalités. Cela dit, nous craignons des pertes d’emplois importantes dans les douze mois à venir. »
Suite à la pandémie du corona, la gestion des chaînes d’approvisionnement deviendra encore plus importante. Les entreprises industrielles analysent actuellement cette situation à l’échelle mondiale. C’est là que l’industrie MEM suisse dispose d’un atout important. Elle a prouvé qu’elle est capable d’appliquer de manière cohérente les concepts de protection liés au corona. Sachant que le nombre de cas augmente, ces enseignements doivent être pris en considération dans la discussion sur les contre-mesures. Stephan Brupbacher à ce sujet : « Un engagement clair de la Confédération et des cantons, selon lequel les entreprises industrielles suisses peuvent continuer à produire même si la pandémie du corona devait encore s’aggraver, ne passera pas inaperçu dans le monde entier. Cela renforce la position de nos entreprises ainsi que celle de la place économique suisse dans l’analyse actuelle des chaînes d’approvisionnement internationales. »
La recette se trouve dans l’ouverture et dans de nouveaux accords de libre-échange
Les entreprises MEM suisses ont surmonté plusieurs crises au cours des dernières années. Pour que cela réussisse une fois de plus, nous devons placer la politique commerciale sur la bonne voie. Les exigences souvent exprimées de relocaliser les procédés de production délocalisés à l’étranger et de traiter avec priorité les produits nationaux ne serait pas la voie à suivre pour l’industrie suisse orientée vers l’exportation ni pour d’autres branches également. Le marché intérieur suisse est bien trop petit pour assurer un avenir et des revenus aux entreprises MEM avec leurs plus de 320 000 collaborateurs. Hans Hess, président de Swissmem, est persuadé : « La seule façon de garantir la prospérité et les emplois en Suisse est de rester compétitif durablement sur les marchés mondiaux. La Suisse doit donc rester ouverte et maintenir son réseau international ».
Les accords de libre-échange (ALE) peuvent créer des opportunités commerciales supplémentaires pour l’industrie MEM. Une étude effectuée par BAK Economics à la demande de Swissmem sur tous les ALE conclus par la Suisse, montre que quatre ans après l’entrée en vigueur d’un ALE, l’industrie MEM a exporté 19% de plus qu’avant l’accord. Cela montre que les ALE contribuent de manière substantielle à la création de valeur et d’emplois dans l’industrie MEM.
Avec l’Indonésie et le Mercosur, deux ALE entièrement négociés n’attendent plus qu’à être ratifiés. Les négociations avec l’Inde et d’autres états d’Asie du Sud-Est ne sont pas encore achevées. À cet égard, un effort particulier doit être fait pour conclure les négociations le plus rapidement possible. En outre, il faut tout faire pour que les négociations avec les États-Unis puissent commencer. Malheureusement, un référendum a été lancé contre l’accord avec l’Indonésie. Une telle action contre l’ALE avec le Mercosur a également été annoncée. Swissmem s’engagera avec véhémence en faveur de ces accords.
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