Situation générale mondiale : grise
La guerre et la destruction sont de retour en Europe. Les États-Unis ont élu un président qui prône le protectionnisme et envisage de couvrir la moitié du monde de droits de douane. Ces dernières années, l’UE a déjà misé sur ses propres droits de douane punitifs comme contre-mesure.
En Suisse, on s’inquiète pour les finances fédérales et pour le maintien du frein à l’endettement inscrit dans la Constitution par le peuple. Le financement de l’assurance vieillesse et survivants (AVS) et l’adaptation de l’armée à l’évolution de la situation en matière de sécurité sont particulièrement préoccupants. Les défis conjoncturels, les prix de l’électricité en hausse et l’appel d’une politique industrielle complètent le tableau pour l’industrie tech. Si la Suisse ne peut guère changer le cours des choses au niveau mondial, elle peut toutefois s’armer pour cela – comme elle l’a toujours fait.
L’accord de libre-échange avec l’Inde, une lueur d’espoir
L’accord de libre-échange entre les pays de l’AELE et l’Inde constitue une lueur d’espoir : il supprime ou réduit pour plus de 90% des quelque 4000 lignes tarifaires de l’industrie tech suisse les droits de douane indiens à l’importation, qui se situent aujourd’hui entre 8% et 22% – et ce, immédiatement ou sur les dix prochaines années. L’élimination des droits de douane serait une bénédiction pour l’industrie tech, et l’accord représente aussi une grande opportunité pour l’Inde : en effet, il crée de nouveaux emplois et permet le transfert d’une technologie suisse de pointe. La compétitivité de l’industrie tech suisse, orientée vers l’exportation, sera ainsi soudainement améliorée sur le marché indien en forte croissance, et ce, notamment vis-à -vis de l’UE, qui ne dispose pas d’un tel accord jusqu’à présent.
Maintenir le frein à l’endettement, un instrument efficace
Le frein à l’endettement est et reste le fondement de la politique financière suisse. Des dépenses plus élevées pour la protection sociale et la sécurité de la Suisse ne justifient pas de faire sauter le frein à l’endettement. Lorsque les mesures d’économie ne suffisent pas, le « pour-cent de sécurité » doit permettre de remédier à la situation : Swissmem soutient donc l’introduction d’un « pour-cent de sécurité » sur la taxe sur la valeur ajoutée, à titre de mesure limitée dans le temps. Celui-ci permettra de financer à la fois des dépenses sociales et militaires sans mettre en péril le frein à l’endettement ni nuire à la compétitivité économique.
Une politique industrielle n’est pas la solution
Il n’est pas rare que les périodes difficiles appellent la politique industrielle à la rescousse. Pourtant, ces interventions étatiques n’apportent presque jamais les améliorations souhaitées – au contraire. La privatisation prévue de Beyond Gravity, la principale entreprise spatiale de Suisse, montre pourquoi une séparation claire entre l’État et l’économie est importante : les entreprises ont besoin de liberté et de ressources financières pour être agiles et réussir à long terme. La Confédération devrait encourager ces processus plutôt que de prendre elle-même des risques entrepreneuriaux. Les conditions doivent alors être fixées de manière à privilégier un investisseur industriel suisse qui puisse développer l’entreprise à partir du site suisse et la positionner avec succès.
Poser les jalons dès maintenant
En mettant clairement l’accent sur le libre-échange et sur une politique économique et financière responsable, le Parlement peut, lors de la session d’hiver qui a débuté hier lundi, aménager les conditions-cadres de manière à ce que l’industrie tech suisse et ses quelque 330 000 collaborateurs et collaboratrices puissent braver les circonstances défavorables.